jeudi 17 mars 2011

La variation topolectale

Réflexions et pratiques relatives à la variation topolectale en terminologie


1)      La variation topolectale en général

Définition :
La variation lexicale géographique (variation topolectale) est l’ensemble des différences qui touchent le vocabulaire d’une langue en fonction des territoires où elle est en usage.
Historique 
C’est jusque dans les années 70 que les entrées terminologiques étaient rédigées dans un français international. En effet, ils ne tenaient pas compte des variations internationales. (à l’exception de Furetière : 1727 et Guérin : 1884-1890 et 1895)
L’Office aussi s’aligne sur le français international en laissant une place limitée à la variété nord-américaine.
À partir de 1980 : volonté de valoriser les autres variétés du français à cause du contact entre les différentes communautés de la francophonie et d’une reconnaissance de l’importance des identités culturelles.
L’importance du phénomène de la variation géographique
La variation topolectale est plutôt faible dans le lexique des langues de spécialité. Cela illustre d’ailleurs une certaine richesse qui ne compromet pas l’intercompréhension des francophones issus de différentes communautés.
** Toutefois, le pourcentage n’est pas totalement représentatif lorsqu’on parle du Grand dictionnaire terminologique ou de Termium Plus, car leur lexique reflète en majeure partie les années 70, c'est-à-dire le moment où la variation n’était pas prise en compte.
L’approche variationniste 
Consiste à refléter la variété des usages et des traditions terminologiques des différentes aires géographiques propres à chaque langue qui fait l’objet de travaux.
But : préserver les identités culturelles nationales tout en encourageant la communication internationale.

Les difficultés entourant la prise en compte de la variation topolectale
Cerner la variation topolectale est un phénomène complexe, car il faut disposer de grands corpus qui ne sont pas toujours accessibles pour représenter l’usage des divers groupes professionnels concernés et des différentes communautés géopolitiques prises en considération.




2)      Les marques

Le marquage topolectal
Le marquage topolectal doit être souple et son sens doit être général. La marque est souvent représentée par un code alphabétique de deux à trois lettres.
* Les cas de non-marquage :
La décision et la façon de recourir à des marques topolectales lors d’un travail terminologique dépendent du public visé et des objectifs poursuivis.
Un terme sans marque topolectale, présent dans le Grand dictionnaire terminologique et Termium plus est considéré comme appartenant à l’usage de l’ensemble des communautés géopolitiques où le français a le statut de langue nationale.
2 types de marquage :
Le marquage topolectal de terme
À partir du terme, on associe un territoire. Il sert à décrire l’extension géographique d’un terme. Par contre, il ne permet pas de tenir compte du caractère particulier d’un concept qui correspond à une réalité propre à une communauté donnée.

Le marquage topolectal conceptuel
Vise à décrire l’extension géographique d’un concept associé à des réalités politiques, administratives, socioéconomiques, matérielles et culturelles qui sont propres à un État, à un ensemble d’États, à un peuple ou à un territoire donné.
* Le marquage intradéfinitionnel peut être placé au début ou à l’intérieur de la définition. Ce type de marquage est tout indiqué lorsque le concept renvoie à une réalité propre à une communauté géopolitique. Cette indication permet de préciser l’extension géographique de l’objet rattaché à un concept.
* Des indications de nature topolectale peuvent être données à l’intérieur de notes explicatives à caractère conceptuel lorsque de légères différences sont perceptibles dans les usages de différentes communautés géopolitiques.




3)      La problématique de la variation topolectale en contexte de terminologie multilingue


La présentation d’ouvrages terminologiques multilingues : choix de la langue
Au Québec, lorsqu'il y a un besoin terminologique en français dans des secteurs très anglicisés ou occupés par une autre langue, l’OQLF choisit de présenter le résultat des recherches à partir de l’anglais ou d’une autre langue (langue source) vers le français (langue cible).
Par contre, lorsque le vocabulaire fait défaut en français ou lorsque règne une confusion sémantique ou lexicale, l’Office publie des ouvrages terminologiques élaborés à partir du français et à l’intérieur desquels paraît également l’anglais afin de répondre aux besoins de traduction (souvent de l’anglais vers le français).

L’article terminologique : choix du terme principal dans une langue et ordre d’apparition des équivalents dans d’autres langues
Le choix du terme principal obéit à la politique éditoriale comme aux travaux terminologiques unilingues.

La présentation des synonymes par langue et présentation des marques topolectales
Lors de la présentation, des synonymes peuvent être influencés par différents facteurs comme la fréquence d’usage du terme, sa vitalité, l’aire géographique de son emploi, toutefois il est préférable d’utiliser l’ordre alphabétique afin d’éliminer la prédominance d’une variante topolectale par rapport à une autre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire